Retirer son 2ème pilier (LPP) pour devenir indépendant et créer son entreprise

Sauter le pas de l’entrepreneuriat en Suisse implique souvent de mobiliser des ressources financières importantes. Votre 2ème pilier – ou LPP – peut alors devenir un tremplin décisif. Avant de débloquer ce capital, il est pourtant indispensable de mesurer l’ensemble des enjeux juridiques, fiscaux et prévoyance qui y sont liés.

Pourquoi retirer son 2ème pilier pour devenir indépendant ?

Choisir de financer son projet grâce au 2ème pilier revient à transformer une épargne retraite en carburant entrepreneurial : l’opération est séduisante, mais demande un sens aigu de la planification.

Avantages du retrait du 2ème pilier

Commençons par les atouts majeurs qu’offre ce levier financier lorsqu’il est utilisé avec discernement.

Accès à un capital de départ

Même si une raison individuelle ne requiert pas de capital minimal, les premiers mois d’activité exigent souvent un fonds de roulement (location de locaux, acquisition de matériel, marketing, etc.). Le retrait de votre LPP apporte rapidement ce financement initial, vous évitant un recours immédiat à l’endettement.

Réalisation d’un rêve entrepreneurial

De nombreux porteurs de projet hésitent à se lancer de peur de contracter un crédit. Mobiliser son 2ème pilier permet d’avancer avec son propre capital, tout en maintenant un contrôle total sur son entreprise.

Risques relatifs au retrait du 2ème pilier pour créer son entreprise individuelle

Toute médaille a son revers : débloquer sa prévoyance comporte des dangers qu’il faut anticiper avant de signer la moindre demande.

Érosion du capital retraite

Votre 2ème pilier constitue une part essentielle de votre futur revenu. En le retirant, vous réduisez votre rente vieillesse, à moins de compenser par des versements ultérieurs ou un 3ème pilier.

Perte de couverture en cas d’invalidité et de décès

Le 2ème pilier assure non seulement la retraite, mais aussi des prestations de risque (invalidité/décès). Après un retrait total, vous devrez souscrire une assurance privée ou renforcer votre 3ème pilier pour combler ce manque.

Risque d’échec entrepreneurial

L’entrepreneuriat comporte un taux de réussite incertain. En cas de faillite, le capital retiré peut disparaître, laissant un gouffre dans votre prévoyance et votre patrimoine.

Besoin de conseils adaptés à votre situation ?

Profitez de notre expertise avec un accompagnement personnalisé : 30 minutes pour 65.- CHF

Quelles sont les conditions pour retirer sa LPP ?

La Confédération encadre strictement l’utilisation du 2ème pilier pour un projet indépendant afin de protéger les assurés. Voici les étapes-clés à respecter.

Fin de l’activité salariée

Pour prétendre au retrait, vous devez cesser tout emploi soumis à la LPP.
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, le seuil d’entrée à la prévoyance professionnelle est fixé à 22’680.- CHF (contre 22’050.- CHF auparavant). Votre revenu annuel salarié doit donc être inférieur à ce montant, attestant la fin de votre activité dépendante.

Obtention du statut d’indépendant

Une fois votre activité salariée terminée, inscrivez-vous auprès de l’AVS en tant qu’indépendant.

  • Démarches AVS : vous avez 12 mois après l’obtention du statut pour demander le versement de votre LPP.
  • Preuves d’activité : bail commercial, factures de matériel, contrats clients servent à démontrer le caractère effectif de votre activité.

Choix de la bonne forme juridique

La structure juridique détermine l’accès ou non à votre capital LPP.

Accord du conjoint et rachat LPP

Deux autres verrous peuvent bloquer votre dossier : le consentement conjugal et les rachats récents.

  • Accord écrit du conjoint/partenaire enregistré obligatoire.
  • Rachat inférieur à trois ans : un rachat LPP effectué dans ce délai rend le retrait impossible.

Considérations fiscales et implications financières

Débloquer son 2ème pilier, c’est aussi dialoguer avec le fisc : mieux vaut connaître les règles avant que la facture n’arrive.

Implication fiscale du retrait

Le capital LPP est taxé comme un revenu unique, selon un barème spécifique et séparé de l’impôt ordinaire sur le revenu. Le taux varie selon le canton, d’où l’importance d’anticiper l’impact fiscal.

Investissement dans l’entreprise

L’administration fédérale exige que le capital soit réellement consacré à l’activité indépendante. Sinon, il rejoint votre fortune privée et sera imposé chaque année au titre de la fortune.

Conséquences en cas de dettes non réglées

En cas d’insolvabilité, les créanciers peuvent saisir le capital retiré, désormais assimilé à un actif privé. Un plan de trésorerie prudent s’avère donc crucial.

Conclusion

Retirer son 2ème pilier peut propulser un projet, mais représente un pari sur l’avenir. Avant d’envoyer votre formulaire à la caisse de pension, évaluez votre modèle d’affaires, votre protection sociale et votre marge fiscale. Nos experts fiduciaires se tiennent à votre disposition pour un accompagnement personnalisé.

FAQ – Retrait du 2ème pilier (LPP) pour devenir indépendant

Puis-je retirer partiellement mon 2ème pilier ?

Oui. Vous pouvez demander un retrait partiel si votre règlement de caisse le prévoit, mais le montant doit rester cohérent avec les besoins du projet.

Le capital retiré est-il exonéré d’impôts ?

Non. Il est imposé séparément à un taux réduit, calculé par votre canton au moment du versement.

Que se passe-t-il si je redeviens salarié après le retrait ?

Vous devrez réaffilier une nouvelle caisse LPP ; aucune obligation légale ne vous force à rembourser le capital déjà retiré.

Puis-je combiner retrait LPP et prêt bancaire ?

Oui. Le retrait peut servir d’apport propre et rassurer la banque sur votre capacité de financement.

Ai-je droit aux indemnités chômage après un retrait ?

Le retrait du 2ème pilier n’affecte pas votre droit futur à l’indemnité de chômage, mais il réduit votre couverture retraite.

Romain Prieur

Romain est le fondateur de la Fiduciaire Karpeo à Genève. Il est expert-comptable diplômé et participe activement à la formation des futurs experts-comptables via sont rôle de chargé de cours auprès de EXPERTsuisse. Romain est également le co-fondateur de la plateforme entreprendre.ch qui permet la création d'entreprises en Suisse.