Organe de révision, contrôle restreint et ordinaire – Tout comprendre
En Suisse, la transparence financière et la rigueur comptable sont des piliers de la vie des entreprises. L’un des mécanismes essentiels pour garantir cette transparence est la désignation d’un organe de révision. Obligatoire dans de nombreux cas, facultatif dans d’autres, ce partenaire joue un rôle clé dans le bon fonctionnement et la crédibilité d’une société.
Les experts-réviseurs agréées de Karpeo vous expliquent de manière claire et actualisée ce qu’est un organe de révision, les différents types d’audits existants et comment choisir le bon prestataire.
Qu’est-ce qu’un organe de révision ?
La gestion saine et conforme d’une entreprise repose en grande partie sur la qualité de ses comptes. C’est là qu’intervient l’organe de révision : un acteur externe, neutre et qualifié, chargé de vérifier l’exactitude des comptes annuels et le respect des obligations légales
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Une obligation légale pour certaines entreprises
La plupart des sociétés suisses (SA, SARL, fondations, associations) doivent désigner un organe de révision chargé de vérifier la conformité de leurs comptes annuels. Cette obligation dépend de plusieurs critères tels que la taille de l’entreprise ou son activité.
Certaines petites entreprises peuvent renoncer à la révision, via un mécanisme appelé opting-out, à condition qu’elles ne comptent pas plus de dix emplois à plein temps en moyenne annuelle et que tous les actionnaires ou associés soient d’accord.
Missions principales
L’organe de révision – également appelé auditeur ou réviseur – ne juge ni la stratégie commerciale de l’entreprise ni la performance du management. Son rôle est purement comptable et juridique :
- Vérifier les comptes annuels et l’utilisation du bénéfice ;
- Contrôler le respect des obligations légales et statutaires ;
- S’assurer, dans le cadre d’un contrôle ordinaire, de l’existence d’un système de contrôle interne (SCI).
Les types de contrôle : restreint ou ordinaire
En Suisse, le type de contrôle à effectuer dépend de la taille et de la structure de l’entreprise. Le contrôle restreint est la forme la plus courante et s’adresse principalement aux petites et moyennes entreprises. Il consiste en une vérification simplifiée des comptes, sans obligation d’analyser le système de contrôle interne.
En revanche, lorsque l’entreprise dépasse certains seuils — notamment un total de bilan supérieur à 20’000’000.- CHF, un chiffre d’affaires annuel de plus de 40’000’000.- CHF, ou plus de 250 collaborateurs à temps plein — elle entre dans le champ du contrôle ordinaire. Celui-ci est plus rigoureux et impose un audit complet incluant l’analyse du système de contrôle interne, des procédures de gestion des risques et parfois même des flux opérationnels.
Ce cadre légal est défini par l’article 727 du Code des Obligations suisse et vise à assurer un niveau de transparence proportionnel à l’impact économique de l’entreprise.
L’indépendance du réviseur : un principe fondamental
L’indépendance de l’organe de révision est primordiale pour garantir la qualité et la fiabilité du contrôle effectué. Un auditeur indépendant n’a aucun lien personnel, financier ou professionnel avec les dirigeants ou les actionnaires principaux de l’entreprise. Cette neutralité permet d’éviter les conflits d’intérêts et assure un regard objectif sur les comptes.
En pratique, cela signifie que :
- Le réviseur ne doit pas avoir de rôle de direction ou de gestion dans l’entreprise auditée ;
- Il ne peut pas être actionnaire majoritaire ni détenteur de droits de vote influents ;
- Il ne doit pas avoir d’intérêts économiques significatifs dans la société ou auprès de ses clients principaux.
L’Autorité fédérale de surveillance en matière de révision (ASR) veille au respect strict de ces règles, notamment dans le cadre des entreprises d’intérêt public.
L’audit et les normes ESG : un rôle en croissance
Avec l’émergence des exigences en matière de développement durable et de responsabilité sociétale, les organes de révision sont de plus en plus impliqués dans la vérification des rapports ESG (Environnement, Social, Gouvernance).
Depuis l’introduction progressive de la législation suisse sur la transparence non financière, certaines grandes entreprises doivent publier un rapport ESG. L’organe de révision peut être mandaté pour :
- Vérifier la fiabilité des indicateurs publiés ;
- Confirmer la conformité du rapport aux exigences légales ;
- Identifier les risques ESG significatifs.
Bien qu’encore relativement nouveau, ce rôle va certainement gagner en importance au cours des prochaines années..
Différents profils de réviseurs
Tous les réviseurs ne se valent pas et leurs compétences varient selon le type de contrôle à effectuer. Il est donc crucial de comprendre les différentes catégories de professionnels habilités à auditer les comptes, ainsi que leurs qualifications spécifiques.
Réviseur agréé
Peut réaliser des contrôles restreints. Il doit répondre à des critères stricts de formation, d’expérience et d’intégrité.
Expert-réviseur agréé
Peut effectuer des contrôles ordinaires. Il possède souvent un diplôme fédéral d’expert-comptable et une expérience professionnelle approfondie.
Entreprise de révision
Une société peut également obtenir un agrément. Il est requis que :
- La majorité des membres de son organe supérieur soient eux-mêmes agréés ;
- Au moins un cinquième des collaborateurs affectés à la révision soient qualifiés.
Entreprise de révision sous surveillance de l’État
Obligatoire pour auditer les entreprises cotées en bourse ou d’intérêt public. Ces sociétés sont soumises à des audits de qualité réguliers par l’ASR.
Nomination et durée du mandat
Le choix de l’organe de révision ne doit pas être laissé au hasard : il est encadré par des règles strictes du Code des Obligations. La nomination, la durée du mandat et les conditions de réélection sont autant d’éléments essentiels à bien maîtriser pour assurer la conformité de votre gouvernance.
Nomination par l’Assemblée Générale
C’est une compétence exclusive de l’Assemblée Générale (art. 698 CO). La nomination doit être votée à la majorité absolue des voix représentées. L’indépendance du réviseur vis-à-vis de la direction est un critère fondamental.
Durée et réélection
Le mandat est généralement d’un an, renouvelable. La loi prévoit une durée maximale de trois exercices consécutifs, sauf disposition contraire dans les statuts. La réélection est soumise à des critères d’indépendance et de compétence.
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Fin de mandat, démission et révocation
Le mandat peut prendre fin :
- Par décision de l’Assemblée Générale ;
- Par non-réélection ;
- Par démission du réviseur (sans obligation de justification) ;
- Par révocation sur décision du juge dans des cas graves.
Important : seule l’Assemblée Générale peut révoquer un auditeur élu, et non la direction ou le Conseil d’Administration.
Radiation au Registre du Commerce
Une fois le mandat terminé, le Conseil d’Administration doit annoncer rapidement la radiation de l’organe de révision auprès du Registre du Commerce.
Comment bien choisir son organe de révision ?
Le choix de votre réviseur est stratégique. Voici quelques critères à prendre en compte :
- Compétence : niveau de formation, spécialisation par secteur ;
- Indépendance : aucun lien d’intérêt avec la direction ;
- Expérience : notamment dans des audits similaires à votre taille ou activité ;
- Tarification : des écarts importants existent selon les cabinets.
Prenez le temps de comparer plusieurs offres et privilégiez des structures agréées par l’ASR.
Conclusion : un partenaire de confiance
L’organe de révision joue un rôle essentiel dans la gouvernance de votre entreprise. Plus qu’une obligation légale, il représente un gage de transparence et de sérieux. Un bon auditeur vous accompagnera non seulement dans la validation de vos comptes, mais également dans l’amélioration de vos processus internes.